Volodymyr Makarenko, dit Makar est né à Saint-Petersbourg en 1943, Volodymyr
Makarenko y a suivi un apprentissage de peintre d'icônes.
La caractéristique
la plus frappante de l'oeuvre de Makar est son intemporalité. De son apprentissage
mais aussi de son expérience avec les années, l'artiste est en possession d'une
technique picturale virtuose. Il peint à la manière des grands maîtres anciens,
préparant les fonds, rendant invisibles les coups de pinceaux, maîtrisant les
fondus des couleurs et les dégradés, utilisant les glacis pour unifier ou, au
contraire, faire ressortir une partie de l' oeuvre. Seulement pour lui, posséder
cette maîtrise technique ne suffit pas ; l'artiste doit également connaître l'histoire
de la peinture. Dans une série plus ancienne, il met en évidence la naissance
du carré noir de Malevich en retournant aux sources de l'histoire de l'art. L'oeuvre
de Makar joue avec les époques, les mouvements picturaux et les grandes figures
de l'art dont il fait une relecture dans ses tableaux. Des anciens aux modernes,
de l'Allemagne à l'Italie de la Renaissance, en passant par les anciennes Flandres,
l'artiste s'amuse à moderniser les tableaux anciens les plus célèbres et que nous
connaissons tous pour en tirer la quintessence dans ses propres réinterprétations
: dans l'un c'est le visage qui domine, dans l'autre la recherche de la perspective,
dans un autre encore, le travail sur la couleur. Dans ce jeu de références et
allusions historiques, ce qui ressort c'est la parfaite compréhension de Makar
des lois et des desseins de l'art pour chaque époque.
Ce peintre de la
douceur d'expression et de la beauté plastique utilise un mélange d'huile et de
cire sur carton avec des effets de surimpression, comme pour détourner notre attention
de cette belle manière justement. Cet enfant au visage d'ange n'est pas sans rapport
semble-t-il avec l'univers poétique (le Botticelli. Dans ce visage à la douceur
souriante, Makar concentre ses effets picturaux sur la chevelure d'or et (le rouge
en traits vifs et couleurs pures. Ce tableau pourrait être d'une beauté parfaite
et sans questions. Une se pose cependant immédiatement : pourquoi avoir caché
d'une bande verticale la partie droite (lu visage peint ? Il apparaît que lorsque
l'on cache toute l'oeuvre excepté cette bande du visage, elle devient soudain
la reproduction très attentive du tableau ancien, tandis que dans le reste du
tableau, surgit justement toute la créativité de Makar.
Dominique Stal
( Vingt ans de peinture contemporaine. Ed. Maisonneuve et Larose)