Yves DUBEAU est né en 1943 à Clermond-Ferrand.
Il vit et travaille près de Montluçon...
C'est,
lorsque très jeune, il était compagnon d'un restaurateur d'art spécialisé dans
la statuaire médiévale, qu'yves Dubeau connaîtra ses premiers émois artistiques.
C'est là, devant ces bois polychromes d'une beauté forte et simple, qu'il trouvera
les thèmes du travail qu'il n'abandonnera jamais : ceux d'une imagerie plutôt
rustique et proche de la vie quotidienne. Il fréquente aussi les ateliers des
artistes de la région. Il travaille avec Estève et Aujame auprès desquels il explore
l'immense champ de possibilités de l'expression artistique. C'est finalement la
sculpture qu'il choisira, qui sera la passion de sa vie et à laquelle il pourra
se consacrer exclusivement à partir de 1990... (Vincent Baconnier)
Yves
Dubeau, le roi de la casserole !
Yves Dubeau est
étonnant : sauteuses, caquelons, poêlons, braisières, nul ustensile n'a
pour lui de secret. À partir d'eux, il invente sans cesse. Maître queux de talent,
ses recettes sont celles d'un exceptionnel gourmet qui cherche à nous faire partager
les saveurs qu'il expérimente ! ce sculpteur accumule les batteries dépareillées,
récupérées dans des décharges où on les abandonne, afin de leur redonner une nouvelle,
et bien plus exaltante vie. Le poli et le neuf ne l'intéressent guère. Ce qu'il
recherche, ce qu'il goutte, dans les pots et pichets, leurs becs verseurs, ce
sont les coloris d'autrefois, les bleus pastels, les verts tendres, les émaillages
originaux qui apporteront à sa production leur palette variée, et entière... Cet
artiste dompte la tôle, qu'il découpe, galvanise, soude et transforme, - simple
pâte à modeler, qu'il lamine, plie, et fait revivre, une quincaillerie en fer-blanc
à laquelle avec doigté il parvient à offrir un inhabituel prolongement d'existence.
Chaque fois, de petites histoires se créent, celle du voyageur au véhicule partant
dans les deux sens, ici un animal, là un bonhomme... Poétiques, ces figures semblent
sortir tout droit d'un monde de contes, léger. Plastiquement merveilleuse, la
matière procure des émotions saisissantes, puisque dans ses blessures, - fendue,
écaillée, choquée -, elle raconte d'inédits équilibres esthétiques, elle touche
par sa fragilité apparente. Objets domestiqués, avez-vous donc une âme ? Qui d'ailleurs,
dans ces bonshommes charmants reconnaîtrait les théières ou les ballons d'eau
chaude, régénérés, auxquels il confère une grandeur extraordinaire d'oeuvre d'art
? Bon appétit, monsieur Dubeau, restez longtemps au fourneau ! Accommodez-nous
encore de ces plats raffinés et proches de notre enfance, intimes, de notre passé,
de notre présent, dans ces articles appartenant au quotidien, métamorphosés par
votre haute-cuisine !
Anne Poiré